Fresques de Tristan et Iseut, Saint-Floret, Auvergne





    Laissez-moi vous emmener aujourd’hui dans un charmant petit village d’Auvergne, nommé Saint-Floret. Outre son caractère typique de petite cité médiévale dans laquelle il est très agréable de déambuler, ce village recèle un véritable trésor…






    On peut découvrir dans le château féodal du XIIIème siècle, des fresques d’une grande rareté témoignant de la circulation du mythe de Tristan et Iseut en Europe au XIVème siècle. En 1370 en effet, une quarantaine de fresques, uniques en Europe, sont peintes en l’honneur de la venue du duc de Berry. Il en reste 13 aujourd’hui, dont certaines sont certes incomplètes, mais il est tout de même très émouvant d’ouvrir cette porte derrière laquelle 600 ans d’histoire se révèlent à nos regards ébahis. 






    Le mythe de Tristan et Iseut appartient à ce qu’on appelle la « matière de Bretagne » et fonde d’une certaine manière notre imaginaire collectif européen. Lorsque Athon de Saint-Floret, seigneur des lieux, commande ce riche décor mural destiné à orner l’aula, la vaste salle d’apparat, les deux manuscrits les plus connus de ce mythe (ceux de Béroul et de Thomas de Londres) ont 200 ans, ce qui témoigne de la vive transmission orale et manuscrite du mythe à travers la France du Moyen-Age alors même que l’imprimerie n’est pas encore née. 







Certaines fresques semblent représenter des extraits du Tristan en prose (épisodes absents des manuscrits de Béroul et Thomas qui se concentrent davantage sur l’histoire d’amour entre Tristan et Iseut.) Ainsi, on peut voir des combats de chevaliers, et une scène représentant le chevalier Palamède délivrant Tristan. 

Toutefois, un célèbre épisode du mythe est présent : il s'agit du moment où le roi Marc, sur les conseils du nain Frocin, décide de se cacher dans un arbre pour surprendre l’amour interdit entre Tristan et Iseut. Ces derniers parviennent à échapper à la ruse tendue par le nain, car ils découvrent le reflet du roi dans l’eau de la fontaine. 

Cette fresque est un peu difficile à repérer. Ce qui est très original, c’est que l’un des vitraux de la salle joue le rôle de l’eau de la fontaine : la lumière venant de la fenêtre semble éclairer le visage du roi Marc. En voici la photo, elle a volontairement été retournée afin de mieux distinguer le visage du roi dans l’arbre. Lorsque vous serez sur place, il faudra bien lever la tête mais vous verrez ce visage à l’envers : 



Quelques photos : 







    Voir ces fresques est un vrai émerveillement, n'hésitez pas à aller les découvrir ! 
Après ces belles découvertes, vous pourrez poursuivre votre visite, en allant jusqu'au Chastel qui domine le village et qui date du XIIème siècle. Celui-ci est entouré d'un site archéologique unique avec des tombes rupestres anthropomorphes du Haut-Moyen Age. 

Si le mythe de Tristan et Iseut vous intéresse, n'oubliez pas que l'opéra de Wagner Tristan et Isolde est bientôt représenté à Lille, interprété par l'excellent Orchestre National de Lille du 13 au 28 mars !

Commentaires