Notes de lecture.
Gustav Mahler, tel qu’en lui-même, P. Chamouard :
Ce qui frappe d’abord, c’est l'image d'un petit garçon fasciné, qui avance seul dans une forêt, quelque part en Moravie, uniquement environné par les bruits de la nature. Il s’assoit finalement  sur un tronc d’arbre en attendant le retour de son père. Là, dit-on, dans les forêts de son enfance, il écoute attentivement ce qui l'entoure, il s'imprègne de la musique de la nature, d'une magie des sons qu'on retrouvera plus tard dans certaines de ses symphonies :
« J’estime que le vrai principe de la musique est de progresser sans cesse, conformément au contenu du poème, dans un discours ininterrompu sans reprises littérales. (…) chez moi, on ne trouvera jamais de réexposition au début d’une strophe nouvelle, précisément parce que la loi de la musique est l’éternel devenir, le développement perpétuel, de même que l’univers ne cesse jamais de se transformer et de se renouveler même dans un espace délimité. Il est évident qu’un tel développement doit être toujours évolution, progression, sans quoi, il n’est que poudre aux yeux. »
« Et si quelqu’un finit par trouver le temps et l’enthousiasme nécessaires, comment aurais-je aujourd’hui la certitude qu’il comprendra mes intentions ? Or, je préfère ne pas être joué qu’être joué mal. »
« La musique n’est pas réservée à une classe (…). La musique est un instinct. Cependant, dans le monde entier, il y a des milliers de gens qui n’ont jamais eu la possibilité d’apprécier un art dont chacun possède la prédisposition en soi. Sans avoir d’éducation et sans apprentissage musical, ces gens peuvent surpasser dans leur goût et leur appréciation les musiciens professionnels qui gagnent leur vie en pratiquant cet art. »
« Je suis trois fois apatride : comme originaire de Bohême chez les Autrichiens, comme Autrichiens parmi les Allemands, et comme Juif dans le monde entier. »
« Je suis sûr que si l’on demandait à Dieu de rédiger les textes d’un programme pour le monde qu’il a créé, il en serait incapable. »
On trouve aussi une belle description de la fin de la seconde symphonie, qui décrit en musique le sentiment de la plénitude ou de l’euphorie, souvent décrit dans la littérature, quand tous les éléments de la nature s’accordent à merveille :
« Une merveilleuse lumière nous pénètre jusqu’au cœur, tout est tranquille et heureux. Et voyez : il n’y a pas de jugement, il n’y a pas de pêcheurs, pas de justes – pas de grand ni de petit – il n’y a pas de peine, ni de récompense ! Un sentiment d’amour tout puissant nous pénètre avec le savoir d’un être bienheureux. »
Il y a chez Mahler un certain regret des origines, l’idée que notre société repose sur le regret des origines qui se rejoue à l’échelle de l’individu en une nostalgie de l’enfance alors considérée comme un paradis perdu : c’est cette nostalgie de l’enfance que l’on retrouve dans le final de la quatrième symphonie, où le héros retrouve dans le monde adulte, le cœur pur de l’enfant :
« Dans le dernier mouvement, c’est un enfant qui explique la finalité de l’œuvre, car malgré l’état de chrysalide dans lequel il se trouve, il fait déjà partie d’un monde supérieur. (…) Quand l’homme, désormais tout surpris, demande ce que tout cela signifie, l’enfant lui répond : « c’est la vie céleste ».
Gustav Mahler et sa femme, Alma

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