Divagations
1.
Coleridge composait la nuit, dans son sommeil. Il écrivait ses vers le
matin, au réveil. Un jour, alors qu’il se trouvait dans une petite auberge à
Porlock, en Angleterre, un individu le dérangea à son réveil et l’empêcha
d’écrire sa poésie. On nomme désormais « l’homme de Porlock » tout ce qui
contrevient à la création artistique.
2.
Flaubert : « Non, ce qui me soutient, c'est la conviction que je
suis dans le vrai, et si je suis dans le vrai,je suis dans le
bien, j'accomplis un devoir, j'exécute la justice. Est-ce que j'ai choisi ?
Est-ce que c'est ma faute ? Qui me pousse ? Est-ce que je n'ai pas été puni
cruellement d'avoir lutté contre cet entraînement ? Il faut donc écrire comme
on sent, être sûr qu'on sent bien, et se foutre de tout le reste sur la terre.
»
3.
Flaubert disait, à Louise collet : « tout ce qu’on invente est vrai,
sois-en sûre… »
4.
Une scène marquante (dans le Journal de Kafka) trois
jeunes hommes sont dans une pièce, ils parlent tous les trois de leur vie et
chacun a envie de comprendre le récit de la manière la plus approfondie
possible. (Ils se posent des questions pour que chacun apporte des précisions.)
5.
Max Brod rapporte que Kafka lui disait souvent que Flaubert avait, vers la
fin de sa vie, eu le sentiment de s’être trompé, de ne pas avoir trouvé le
moyen d’être dans le vrai.
6.
Darius Milhaud s’endormait le soir en entendant une musique qu’il
considérait comme un grand mystère. Et c'est à partir de ce grand mystère qu'il
composait certaines de ses oeuvres. D’un côté, idée mystique et sacrée de
l’œuvre d’art qui rejoint celle des poètes romantiques. De l’autre côté, idée
que l’œuvre est entièrement liée à l’homme (sa capacité particulière).
Inspiration et travail.
7.
Jean d’Ormesson estime que les écrivains écrivent parce qu’il y a quelque
chose qui ne va pas. Et il cite Proust (asthme), Byron (pied bot) Chateaubriand
(très moche). Il se demande si cela est bien vrai et se souvient de quelqu’un
qui lui avait dit : Vous ne serez pas un grand écrivain, vous n’êtes pas assez
malheureux. Mais ce n’est pas un défaut physique, mais l’intuition que c’est le
monde environnant qui ne va pas. Jean d’Ormesson dit alors que la littérature
c’est le paradis sur la terre. Puis le neurologue. L’âme est consubstantielle
au cerveau. Savoir se plaire dans la vie. Excès de plaisir ne peut être présent
sans être accompagné d’un excès de souffrance, mélancolie.
8.
Sur Darius Milhaud :
Il était « solaire ». Mais qu’est-ce que ça signifie être « solaire » ?
Cela signifie qu’il y avait une sorte de bonté et d’altruisme qui émanaient de
lui. Il avait l’air d’avancer vers vous, les bras ouvert en un geste non
seulement d’accueil mais aussi d’humilité, cette façon de se présenter avec la
plus grande vérité possible, sans rien dissimuler. Donc, il avançait vers vous
et semblait dire : « je n’ai rien d’autre à vous offrir que ma musique. Je ne
peux rien faire de plus, c’est tout ce que je peux faire. »
9.
David Copperfield :
Avant l’arrivée au pensionnat :
« L’automne commençait, et la soirée était belle. Quand nous traversions un
village, je cherchais à me représenter ce qui se passait à l’intérieur des
maisons, et ce que faisaient les habitants. »
Description de Steerforth dans le pensionnat, premier soir, alors qu’il est
endormi :
« Bonsoir monsieur, répondis-je. Je ne pensais qu’à lui au fond de mon lit,
je me soulevai pour le regarder ; couché au clair de la lune, sa jolie figure
tournée vers moi, la tête négligemment appuyée sur son bras, c’était, à mes
yeux, un grand personnage, il n’est pas étonnant que j’en eusse l’esprit tout
occupé; les sombres mystères de son avenir inconnu ne se révélaient pas sur sa
face à la clarté de la lune. »
10.
Lu hier soir : rencontre entre David Copperfield et Dora. Un passage qui
m’a beaucoup plu pour sa candeur, sa simplicité, et son humour. Il entre dans
les passages de roman dont je devrais faire une liste :
Rencontre entre Lisa et le narrateur dans L’Adolescent de
Dostoievski.
Passage sur le rire et rencontre avec le « vrai » père du narrateur dans ce
même roman.
Passage entre K. et deux « amis » qui font un pique-nique, un soir,
dans L’Amérique ou le disparu de Kafka
11.
Perec disait qu’il aimerait bien qu’on le considère comme un chercheur,
comme un « chercheur-écrivain ».
12.
Sur le mur, il y avait une plaque commémorative en pierre blanche. Il était
écrit, gravé plutôt : « ici, le ** février 1943, M. B**** P***** a été arrêté
par la Gestapo et envoyé à Buchenwald. » Ce jour là, un matin froid de l’hiver
(il avait neigé pendant la nuit), l’homme a ouvert sa porte, et il a vu deux
officiers allemands qui lui ont dit qu’au nom de la loi ils l’arrêtaient.
Il pensait qu’il vivrait malheureux avec cette indéfectible mélancolie qui
lui collait à la peau, et il répondait à ceux qui les disaient que vraiment, ça
n’avait pas l’air d’aller, « non, ça va, c’est la fatigue » (comme l’aviateur
dans le Petit Prince). Il savait bien que c’était un chemin piégé et qu’il ne
fallait pas prendre modèle sur ces illustres prédécesseurs parce que ces
derniers s’étaient trompés eux-aussi (même s’ils étaient talentueux).
13.
Cette phrase de Victor Hugo, dans Notre-Dame de Paris : «
Nous n’aurions autour de nous que des choses si vieilles qu’elles nous
sembleraient toutes neuves. »
14.
Cocteau :
"La beauté est la vérité propre à ceux qui ressentent l'urgence de dire ce que les autres ne veulent pas entendre."
15.
Marguerite Yourcenar :
« Certaines influences, certaines impressions dominent certains êtres et ne
dominent pas les autres. C’est vrai dans la vie, et c’est vrai aussi dans
l’écriture. »
Peut être influence
des lectures de l’extrême jeunesse. Par exemple, dans les premières œuvres de
Hugo, imitations des poètes qu’il avait lu. Mais il y a tant d’influences qui
s’exercent sur l’être qu’il est impossible de les connaitre. Elle dit ensuite «
je ne crois pas aux influences dans les œuvres des très grands écrivains. »
16.
Fernando Pessoa :
"Amiel dit qu'un paysage est un état d'âme, mais cette phrase est la piètre trouvaille d'un médiocre rêveur.
À partir du moment où le paysage est paysage, il cesse d'être un état d'âme. Indépendamment de ma personne, l'herbe pousse, il pleut sur l'herbe qui pousse, et le soleil dore l'étendue d'herbe qui a poussé ou qui va le faire ; les montagnes se dressent depuis fort longtemps, et le vent souffle de la même façon que lorsque Homère pouvait l'entendre. Il eut été plus juste de dire qu'un état d'âme est un paysage ; la phrase aurait eu l'avantage de ne pas comporter le mensonge d'une théorie, mais bien plutôt la vérité d'une métaphore."
(Le livre de l'intranquillité)
17.
Henri Michaux c’est un peu le Giacometti de la littérature, non ? On étire
l’homme le plus possible pour voir à quoi il ressemble alors. Et d’entendre
Giacometti dire : « J’ai pas vraiment l’impression d’avoir le sentiment du
volume, si ? »
18.
Flaubert : il n’y a pas de mot plus élastique que le mot « amour »,
écrit-il à Louise Colet. On dit qu’on aime un homme, qu’on aime son enfant,
qu’on aime une petite robe, c’est trois fois le même mot, mais croit-on que
c’est trois fois la même chose ?
19.
Francis Ponge, dans La Rage de l’expression, montre le poète au
travail. Il montre l’envers du décor, le déroulement du travail poétique. C’est
une poésie essentiellement d’empathie. Il cherche, grâce à quelques formules
bien trouvées, à provoquer telle ou telle sensation dans l’esprit du lecteur.
Alors, le lecteur a l’impression effectivement que le poète lui révèle quelque
chose.
20.
Sur l’expression « le
désenchantement du monde » considérée comme un basculement qui a eu lieu au dix
neuvième siècle et qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Parmi les missions de
l’artiste : ré-enchanter le monde. « Je demande à tout homme qui pense de me montrer
ce qui subsiste de la vie. » Baudelaire
21.
Dans l’Antiquité, le chant et la lyre sont étroitement liés et renvoient à
Orphée, le premier poète, capable de charmer la nature et les animaux en
s’accompagnant de sa lyre. La poésie est la nature elle-même, les arbres, les
oiseaux et la mer chantent. Cette époque mythologique apparaît comme un état
perdu que le poète aimerait retrouver en tant que lieu, utopique peut-être,
mais idéal, et qui serait une manière d’atteindre une région plus haute.
Certains poètes au XIXème siècle, déplorent cette perte et expriment, sans
raillerie, leurs regrets d’un temps ancien supposé plus beau. Dans ces temps
lyriques, tout est hyperbolique, l’homme aspire à dépasser sa condition
terrestre, et rayonne dans une apothéose à l’image du visage illuminé de
Béatrice dans le paradis de la Divine Comédie de Dante.
22.
Les poètes romantiques d’une manière générale étaient lyriques, et Victor
Hugo évoque ces temps primitifs et idéaux dans sa poésie. Il les rattache au
genre poétique de l’ode, qui est par essence lyrique, et décrit ces temps
primitifs dans la première partie de la Légende des Siècles, dans
un poème intitulé Booz endormi, où Booz et Ruth peuvent s’aimer dans une nature
clémente, après les moissons, sous la faucille dorée qu’est la lune.
23.
Alors qu’il est sur la côte d’Azur, un peu après ce qu’on a appelé la «
crise de Tournon », Mallarmé se retrouve devant la mer à Nice et s’exclame : «
Que ce ciel terrestre est divin ». Si le divin ne peut plus être chanté, si la
lyre ne peut plus exprimer un état surnaturel, alors il faut trouver d’autres
moyens pour y parvenir. Mallarmé creuse le vers et découvre le Néant. En
conséquence, il ramène le surnaturel sur la terre, et trouve le divin ici bas.
La surface du ciel ou de la mer en est un reflet. La surface de la page
également, alors dans Jamais un coup de dés n’abolira le hasard, la
disposition des mots sur la page peut évoquer tantôt le coup de dés, tantôt une
étoile, comme si la page était un reflet du Ciel.
24.
« L’altruisme va lentement sur la piste du progrès humain. Il suit la
science en trébuchant. » Charlie Chaplin
25.
Dans « La tentation de l’Occident » Malraux définit les
différences qui existent entre la culture européenne et la culture chinoise.
L’Européen est un homme d’action. Le Chinois est un homme de pensée, de
méditation.
Ling dit alors à
l’homme occidental : « à peine comprenez-vous encore que pour être il ne soit
pas nécessaire d’agir, et que le monde vous transforme bien plus que vous ne le
transformez… »
26.
Max Brod, le meilleur ami de Kafka nous dit que bien souvent les
admirateurs de Kafka, qui ne le connaissent que d’après ses livres, se font de
lui une image tout à fait fausse. Ils croient qu’il devait produire sur ses
amis l’impression de quelqu’un de triste et même de désespéré. C’est tout le
contraire. Kafka a la foi en un monde absolu, il a le sentiment qu’il existe un
monde pur et parfait dont le péché est exclu. Ce sentiment là, qui est dans une
certaine mesure rattaché à Dieu, il l’appelle l’ « Indestructible ».
27.
Extraits de ses carnets : « L’homme ne peut pas vivre sans une confiance
soutenue en l’existence de quelque chose d’indestructible en lui-même (…) Étant
admis que cet élément indestructible aussi bien que la confiance peuvent rester
latents toute sa vie »
28.
« En tout cas, il acquiert une certitude : indépendamment de l’idée que
nous nous faisons de la volonté divine, la tâche qui s’impose à l’homme est
clairement définie, c’est de servir le Bien, dans la mesure où il est
accessible à notre conscience (…) La présence de « l’Indestructible » devenait
évidente, les manières douces, mais fermes de Kafka étaient pour ainsi dire le
gage que les lois éternelles de l’amour, de la raison et de la bonté existaient
»
29.
« Dis-moi, ô Cygne, ton antique histoire.
De quel pays viens-tu, ô Cygne ? — Vers quel rivage t’envoles-tu ?
Où prendras-tu ton repos, ô Cygne, et que cherches-tu ?
Ce matin même réveille-toi, ô Cygne, lève-toi et suis-moi.
Il est un pays où ni le doute ni la tristesse n’ont d'empire ; où la terreur de la mort n’existe plus.
Là, les bois du printemps sont en fleurs et leur senteur » (Poèmes de Kabir, Tagore)
De quel pays viens-tu, ô Cygne ? — Vers quel rivage t’envoles-tu ?
Où prendras-tu ton repos, ô Cygne, et que cherches-tu ?
Ce matin même réveille-toi, ô Cygne, lève-toi et suis-moi.
Il est un pays où ni le doute ni la tristesse n’ont d'empire ; où la terreur de la mort n’existe plus.
Là, les bois du printemps sont en fleurs et leur senteur » (Poèmes de Kabir, Tagore)
30.
Mendelssohn avait
moins d’admiration pour Berlioz que Berlioz en avait pour lui. Ils
s’entendaient bien tous les deux, comme des amis. Ils se promenaient en Italie,
aux alentours de la Villa Medicis vers 1830. Mendelssohn avait une foi
religieuse que Berlioz comprenait mal. Ils avaient formé un petit groupe
d’artistes qu’ils avaient appelé la « Société de l’Indifférence absolue en
matière universelle ». Berlioz aimait beaucoup Mendelssohn et à la fin d’un
concert dirigé par Mendelssohn, il lui écrivit qu’il aurait sans hésiter donné
trois ans de sa vie pour aller l’embrasser.
31.
« Il faudrait savoir exactement ce qui manque dans l’ordre de ce monde, ce
qui a manqué pour que l’harmonie y soit, et nous aurions du même coup une idée
plus précise de cette œuvre. (..) Les autres hommes ne pouvaient l’éprouver si
vivement, pris au piège d’une vie bornée, leurs espoirs se limitaient à la réalisation
des objectifs à court terme inscrits dans la logique de ces menus gestes près
du corps dont ils faisaient dépendre naïvement leur bonheur. » Dino
Egger, Eric Chevillard
32.
Dans les premiers temps, les hommes avaient eu le sentiment de s’être
éloignés assez loin de leur toile d’araignée, et d’être vraiment libérés. Un
beau jour, ils se sont rendus compte qu’ils étaient toujours dans leur toile,
que son schéma s’était tout simplement complexifié jusqu’à sembler absent,
alors qu’en vérité la toile continuait bel et bien de se tisser jour après
jour.
33.
Ce que je veux dire, c’est que l’écriture ne doit pas seulement être une
lutte contre le monde. Ecrire, c’est un peu aussi comme faire de la pâte à
modeler.
34.
Le voyageur s’était endormi dans un train et s’était, au réveil, retrouvé
par hasard dans le hall de la gare de Liverpool.
35.
Ce matin-là, un enfant
d’environ huit ans, aux boucles blondes, sautait du perron, avec un parchemin
sous le bras. Il portait un pantalon marron jusqu’en bas des genoux, des
collants blancs et des souliers avec une boucle dorée. Il avait une petite
veste bleue. Mais ce qui frappait surtout, c’était son regard brillant et
joyeux. On ne se doutait pas qu’il deviendrait ce grand génie que des
générations d’hommes admireraient sans relâche.
36.
« Et, qu’est-ce donc, d’après vous, que cette vie vivante ? (il était
manifestement furieux.).
- Je ne sais pas non plus, Prince ; je sais seulement que ce doit être
quelque chose d’infiniment simple, de tout à fait ordinaire, qui saute aux yeux
chaque jour et à chaque minute, si simple que nous avons peine à croire que ce
soit si simple et que nous passons naturellement devant, depuis bien des
milliers d’années, sans le remarquer ni le reconnaitre. » (L’Adolescent,
Dostoïevski)
37.
Malraux tente de trouver comment une transcendance sans divin est possible,
c’est la recherche d’une alternative, le « refus du refus de Dieu ». Cela
témoigne aussi d’une grande confiance en l’homme. Il voit dans l’art « l’une
des plus profondes rectifications du monde ».
38.
Dans les Voix du silence, Malraux écrit : « L’humanisme, ce
n’est pas dire : « ce que j’ai fait, aucun animal ne l’aurait fait », c’est
dire : « nous avons refusé ce que voulait en nous la bête, et nous voulons
retrouver l’homme partout où nous avons trouvé ce qui l’écrase. »
39.
C’est seulement par paresse que nous mettons sous les mêmes mots des sentiments
très distincts. Peut-être que c’est par une convention que les personnes se
sont mises d’accord sur ce qu’on voit et ce qu’on entend, parce qu’en vérité,
chacun reçoit le monde d’une façon qui lui est unique.
40.
En écoutant un
concerto pour piano et orchestre de Tchaïkovski, on ressent une joie enfantine
et pure. Cette même joie qui fait rire un enfant regardant trois petits chiens
qui courent les uns après les autres à toute vitesse.
41.
A quoi donc servent les vers? A chanter. A chanter désormais une musique
dont l'expression est perdue, mais que nous entendons en nous, et qui seule est
le Chant. C'est-à-dire que l'homme en a besoin pour exprimer ce qu'il y a en
lui de divin et de surnaturel, et, s'il ne pouvait chanter, il mourrait. C'est
pourquoi les vers sont aussi utiles que le pain que nous mangeons et que l'air
que nous respirons. (Banville, Petit traité de poésie française)
42.
Goethe avait raison de dire que l’hiver est un spectateur jaloux, qui
souffle et soupire sans cesse, qui s'immisce parfois dans les autres saisons.
43.
Selon Kundera, le roman est une exploration de ce qu’est la vie humaine
dans le piège qu’est devenu le monde : « Le romancier n’est ni historien, ni
prophète : il est explorateur d’existence »
Ce n’est pas tellement l’étendue de la culture qui fera la qualité d’une
œuvre, mais plutôt la puissance de l’imagination et la justesse du style.
44.
Lettre de Mahler à un ami 02/11/1880 : « Autour de moi, je ne vois que
douleur. Celle-ci est capable de revêtir les aspects les plus insolites pour se
rire des enfants et des hommes. S’il te reste encore dans ton entourage un
homme qui soit heureux sur cette terre, dépêche-toi de me le montrer, avant que
le désespoir ne m’envahisse complètement. Quand on a vu un être noble et
sincère se battre contre la vulgarité la plus horrible pour le voir ensuite
vaincu, il est impossible de ne pas trembler en pensant à soi-même et à son
propre destin bien fragile. »
45.
« C’est intéressant de
voir comment un très grand chef d’orchestre joue la musique de bout en bout. Mais
ça ne vit guère. Toute cette affectation, cette pose… car c’était un poseur, se
pavanant comme ces splendides chevaux autrichiens le naseau frétillant et
devint extrêmement humains lorsque les premiers maux physiques l’assaillirent.
Il fit tout, il priait pour rester jeune. Lui et sa femme voulaient rester
éternellement jeunes. Lorsque l’âge le rattrapa, cela fit ressortir quelque
chose qui était resté enfoui. » (Yehudi Menuhin, à propos de Karajan)
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