Pelléas et Mélisande

Crédits photographiques : www.opera-lille.fr


L’opéra de Lille présente en ce moment Pelléas et Mélisande de Debussy, dans une mise en scène de Daniel Jeanneteau.

Tout commence avec Mélisande (une fée comme Mélusine ? Une princesse aux longs cheveux comme dans les contes?) qui est perdue dans la forêt. Elle est trouvée par un roi, Golaud, qui l’épouse et l’emmène dans son château. Or Mélisande n’est pas heureuse dans ce château. Elle se sent prisonnière et veut s’échapper. Elle rencontre Pelléas, mais là se noue une relation à nouveau très ambiguë. Amour tout en retenue ou absence d’amour ? Pelléas se révèle cruel avec Mélisande, qui semble se retrouver à nouveau prisonnière. Il y a bien un duo d’amour, me direz-vous. Certes, mais quel prix accorder à la réponse de Mélisande quand Pelléas lui dit qu’il l’aime ? Tout au long de l'œuvre, Mélisande ne répond pas aux questions, elle ment à Golaud. Elle semble être une ombre qui cherche la lumière mais qui cache la vérité.

Il est donc un peu hâtif de parler d’histoire d’amour. Cela n’enlève rien à la beauté du chef d’œuvre de Debussy, ni à la belle poésie du livret de Maeterlinck. Mais il s’agit moins d’un triangle amoureux que de jeux de pouvoir, d’ambivalences entre mensonge et vérité, entre ombre et lumière.

La mise en scène est très sobre, un seul gouffre en plein milieu de la scène. Mais l’illusion fictionnelle fonctionne à merveille, surtout au moment où Mélisande est prisonnière en haut d’une tour : il n’y a ni tour, ni longs cheveux, et pourtant par la magie de la représentation et de l’imagination, la scène semble se dérouler sous nos yeux.

L’histoire avance sur un rythme soutenu, on ne voit pas le temps passer, il n’y a pas de longueur, et l'ensemble est accompagné par le beau texte de Maeterlinck, et la musique de Debussy sublimée par l'orchestre Les Siècles. L’œuvre porte un regard assez sombre sur l’humanité. Le spectateur assiste au désenchantement d’un monde où seule subsiste l’âme d’enfant de Mélisande. Les deux enfants, Mélisande-enfant et Yniold semblent finalement être les deux seuls éclats de lumière et quand l’œuvre s’achève, il nous reste en tête une voix qui s’élève et qui nous ravit dans sa candeur même : celle d’Yniold que l’on entend répéter : « Petit père » à la fin de chaque phrase, comme s’il s’agissait d’une prière.

Pelléas et Melisande, opéra de Lille, du 30 janvier au 8 février 2023




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