Faust de Gounod à l'Opéra de Lille : une mise en scène mémorable

 


✨ Pépite ✨


L'Opéra de Lille présente en ce moment le Faust de Gounod dans sa version originale de 1859, avec des dialogues parlés. L'œuvre alterne ainsi entre des moments de chants et des moments plus proches d'une représentation théâtrale. 




Après le Falstaff de Verdi en 2023, j'étais très impatiente de découvrir le regard de Denis Podalydès sur Faust, et de voir comment le théâtre et la littérature enrichissent l'opéra. 
Et l'on peut dire que c'est un ravissement. Un mélange parfait entre le chant et la poésie du texte. Visuellement, c'est très beau, les tableaux s'enchaînent dans un respect total de l'œuvre. La mélancolie de Faust est accentuée dans cette mise en scène qui nous plonge dans un XIXe siècle fantasmagorique.

La musique, magnifiquement interprétée par l'Orchestre National de Lille révèle toute la puissance lyrique de la partition, notamment à la fin du premier acte, et dans le final.


  
© Simon Gosselin 



© Simon Gosselin



Cette mise en scène figurative n'est jamais une simple paraphrase du livret, et elle permet des interprétations variées. 
Le personnage de Méphistophélès, avec son chapeau haut de forme, fait tantôt retentir son rire diabolique et sa bonhomie n'est qu'apparente : sa malignité est omniprésente avec ses deux acolytes tout en noir qui ont l'air d'être des prolongements de lui-même et qui distillent le mal tout au long de la pièce.

  
© Simon Gosselin 


Mais là où nous sommes entièrement convaincus, c'est pour le final éblouissant. 
Quelle superbe idée, faire revenir l'enfant ! La rédemption de Marguerite est symbolisée par cette enfant ressuscitée, et le cercle de lumière descend sur elle tel un puissant deus ex machina simple, sans artifice, ni grandiloquence. C'est un final intense et magnifique, porté par une musique magistrale. L'émotion grandit tandis que le cercle de lumière descend jusqu'au sol traçant autour de l'enfant comme un cercle qui nous rappelle le cercle de feu censé protégé Faust des forces occultes dans l'œuvre d'origine. 

Ainsi l'ambiguïté demeure, le bien triomphe, certes, mais le mal rôde aux alentours.  
Denis Podalydès signe là non pas seulement une belle représentation mais une représentation mémorable, digne d'un chef d'oeuvre. Un admirable hommage à l'oeuvre d'origine ! Bravo 👏👏





Du 5 au 22 mai à l'opéra de Lille
Du 21 juin au 1er juillet à l'Opéra-Comique 


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