Les Pâturages du ciel, John Steinbeck.

 

Ce roman écrit en 1932 semble être un bijou discret dans l’oeuvre de John Steinbeck. L’histoire se déroule en Californie, près de Salinas. Des noms de villes réelles côtoient l’imaginaire, comme Monterey où Steinbeck a vécu quelques années, de 1930 à 1939.




Le titre de l’oeuvre fait référence à un psaume de la Bible, les lieux décrits doivent être comme des paradis sur la Terre. On peut lire dans le premier chapitre, alors qu’un capitaine découvre la vallée du haut de la colline :


« Sainte Mère ! murmura-t-il. Voilà les verts pâturages du Ciel où notre Seigneur nous conduit. »


Le lieu est présenté comme un havre de paix, à l’écart du monde, dans lequel vivent des familles à la fois simples et originales, des personnages crayonnés comme des esquisses.


L’oeuvre semble composée d’une suite de nouvelles indépendantes, reliées simplement par les habitants du village qui reviennent d’une nouvelle à l’autre. Il y a 12 nouvelles. La première et la dernière encadrent les dix autres en présentant le village observé de haut par des personnages étrangers à l’histoire du village, mais intrigués par ce lieu. La vallée est vue de haut, comme s’il s’agissait d’un microcosme à observer. C’est un peu l’attitude du lecteur qui vient se pencher sur ces histoires révélant le plus beau et le plus tragique de la condition humaine.


Dans sa correspondance avec Albert Camus, Maria Casarès écrit au sujet de ce roman :


 « Malgré ses répétitions, Steinbeck m’a « eue par la bande », comme d’habitude ; je succombe toujours à cette immense tendresse que dégagent ses pages, et lorsque je suis prise, je ne peux plus le juger et je ne fais que me laisser aller à une émotion qui ne finit qu’avec la dernière ligne. »


Cette émotion, toute littéraire, parcourt en effet les pages en résonnant fortement en nous. À quoi donc servirait la littérature si elle n’était pas un reflet de nos vies intérieures ?


Dans ce roman, Steinbeck peint les rêves secrets et les ambitions enfouies que les hommes n’osent pas formuler pour ne pas se démarquer du reste de la société, mais qui forment pourtant le tissu de rêves sur lequel nous vivons.


Certaines nouvelles (la sixième notamment) révèlent avec force la puissance de l’imaginaire et de la littérature. D’autres sont plus sombres, mais la cruauté des relations humaines est toujours envisagée avec humour et recul. Au fil de la lecture, on se rend compte que, loin d’être un paradis, les Pâturages du ciel sont une vallée de larmes, mais la beauté subsiste.




Steinbeck disait de lui-même qu’il était une « âme lourde mais essayant de voler ». C’est un peu la description que l’on pourrait donner des personnages de ce roman.


Une belle œuvre à découvrir sans modération !



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